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Posted at 16:51 in Journal *** Hiver 2007 | Permalink | Comments (0)
La maison de mes rêves:
"Teremok"
Avec mon trône:
Elle se trouve en Russie à Talashkino.
Et pour continuer, celle-ci n'est pas mal non plus:
Quoique ca manque un peu de fenêtres. C'est une église (Kizhi en Carelie). La région est d'ailleurs magnifique:
J'ai pris ces deux dernières photos à cette adresse:
http://kizhi.karelia.ru/main_galery_e.htm
La machoire m'en est tombée, toutes les photos sont sublimes!
Posted at 16:46 in Journal *** Hiver 2007 | Permalink | Comments (0)
Le Gitan et le Loup
Une meute de loups était menée par un vieux loup redoutable qui avait vu beaucoup de dangers dans sa longue vie. Il avait craché dans l’œil de la mort bien des fois, toujours ressortant triomphant de tous ses combats.
Le vieux loup connaissait les lois de la forêt, savait que la forêt n’épargnait pas le faible, il savait aussi qu’un jour, il serait trop vieux pour mener la meute. Et alors, ils ne l’épargneraient pas.
Bien que ses vieilles blessures l’empêchaient de chasser aussi bien que dans sa jeunesse, il s’en sortait encore grâce à sa ruse, et continuait de courir à l’avant de la meute à l’affût de la proie.
Mais par un froid hiver, la chasse devint maigre ; et pour la première fois, il vit de la haine et du mépris dans les yeux gris de la meute. Désormais, il n’inspirait plus de peur aux jeunes loups ; ces derniers savaient qu’il se faisait vieux. La meute entière avait patiemment attendu ce moment lorsqu’elle pourrait se retourner contre celui qui était autrefois leur puissant meneur.
C’est à ce moment-là qu’il se décida.
Attendant la nuit la plus profonde, le vieux loup se leva en silence et commença de s’éloigner furtivement, se distançant des loups affamés. Mais ils sentirent sa fuite et se mirent à le poursuivre, bien qu’ils n’étaient pas aussi avisés sur les voies de la forêt. Il se maintint en tête de la meute, se dirigeant vers une clairière où il savait que la hutte d’un vieux gitan se trouvait.
À une époque, ce gitan, aussi, avait été le meneur d’une meute. Et quelle puissante meute de gitans elle était ! Il avait emmené ses gitans sur de nombreuses pistes, il avait été sage et audacieux ; ses paroles avaient souvent sauvé la meute de la malchance.
Le temps vint, néanmoins, de la vieillesse affaiblissant sa force de meneur, il pouvait le sentir dans ses os : il n’était plus assez fort pour tenir les rênes.
Un jour, alors que le clan passait l’hiver dans un village et que les familles étaient dispersées dans des huttes, le vieux chef rassembla ce qui lui restait de forces et s’esquiva pour se construire une hutte dans la forêt. Et au printemps, lorsque le clan gitan se mit en route, le chef n’était pas avec eux ; il demeurait seul dans la forêt. Personne ne l’avait vu, il avait dû finir dévoré par les loups affamés ou disparaître sous un amas de neige.
Il tomba parfois sur des loups, cela est vrai. Néanmoins, il en ressortait plutôt indemne, la meute de loups ne l’attaquant pas : leur chef l’ayant interdit. Le vieil homme ne savait pourquoi.
Donc le gitan vivait seul au milieu des arbres immenses. Il n’avait peur de personne, et lorsqu’une nuit, il entendit le hurlement inquiétant d’un loup près de sa hutte, il alluma une torche et ouvrit la porte. Les yeux tachetés d’or du vieux loup se plantèrent sur lui, comme s’ils demandaient de l’aide. À la lisière des arbres, il pouvait voir la meute de loups prêts pour l’attaque. Mais alors qu’il agitait sa torche, les loups se retirèrent, s’estompant dans les ténèbres.
Et les deux compères, le gitan et le loup, se regardèrent affectueusement ; le gitan caressa la vieille fourrure sur sa tête alors qu’il se couchait humblement à ses pieds.
Conte russe gitan que j'ai traduit.
Posted at 16:44 in Journal *** Hiver 2007 | Permalink | Comments (0)
LES DOUZE MOIS
Il était une fois une veuve qui avait une fille et une belle-fille. Helen, la plus jeune, était l’enfant issu de son premier mariage, tandis que Marouckla était l’enfant du premier mariage de son mari dés lors décédé. La veuve adorait Helen mais ne pouvait supporter Marouckla l’orpheline. Elle était beaucoup plus jolie que sa demi-sœur et de plus, elle n’en tirait aucune vanité. Marouckla ne comprenait pas pourquoi sa belle-mère était contrariée chaque fois que ses yeux se posaient sur elle.
Les taches les plus salissantes et les plus pénibles tombaient toujours sur Marouckla. Elle nettoyait toutes les chambres, faisait la cuisine, la lessive et la couture, filait, tissait, rentrait le foin, et la traite des vaches aussi lui échoyait. Et tout cela sans l’aide d’Helen. Et comment la cadette occupait son temps ? Elle ne faisait rien d’autre que d’essayer ses jolis vêtements et de regarder son reflet dans le miroir. Marouckla avait de bonnes raisons de se plaindre, mais elle ne le faisait jamais. Elle endurait les sarcasmes et la mauvaise humeur de sa belle-mère avec une patience qui ne faisait qu’ennuyer davantage la veuve. La vieille femme devint encore plus tyrannique et acariâtre, et pour empirer les choses, Marouckla devint, elle, de plus en plus jolie à mesure que la laideur d’Helen se confirmait.
La belle-mère en vint finalement à la conclusion que la seule chose à faire était de se débarrasser de Marouckla ; aussi longtemps qu’elle serait sous le même toit, Helen ne trouverait pas de prétendants. La veuve utilisa tous les moyens à sa disposition pour rendre la vie de la pauvre Marouckla aussi misérable que possible – la faim, l’abus, la négligence et les coups. Les hommes les plus durs n’auraient pu être plus cruels que la méchante vieille veuve. Mais, en dépit de toutes ces épreuves, Marouckla devint encore plus radieuse et aimable.
Un jour, au beau milieu de l’hiver, Helen décida qu’elle voulait des violettes. « Marouckla », dit-elle, « Je veux que tu ailles dans la forêt et cueilles des violettes. Je voudrais en décorer mes cheveux, car elles se marieront très bien avec les tons de ma nouvelle robe de bal. »
« Mais ma sœur » rit Marouckla « qui a jamais entendu parler de violettes fleurissant au cœur de l’hiver ? ».
« Oses-tu me désobéir ? Petite peste ! Misérable insolente !»
« Mais… »
« Marouckla » intervint la veuve « n’as tu pas entendu ta sœur ? Pas un mot de plus, maintenant et ouste ! Si tu ne rapportes pas des violettes de la forêt de la montagne, tu peux oublier le chemin qui ramène ici ! » A coups de pieds et de mains, elle chassa Marouckla hors de la maison, ne lui permettant même pas d’attraper sa cape. « Voilà » dit la veuve « et si tu reviens avec un panier vide, tu peux être sûre que je te tuerai moi-même »
La jeune fille, sanglotant, prit le chemin vers la montagne. La neige était profonde sans aucune empreinte de pied humain. Qui serait dehors par un temps pareil ? Longtemps, la jeune fille erra de ci de là, sachant qu’elle ne parviendrait jamais à trouver des violettes. Bientôt, elle se perdit. Elle était affamée, fatiguée et tremblait de froid. Allait-elle mourir ici, seule ?
Soudain, elle vit une lumière au loin. Pensant qu’elle devait provenir d’une chaumière de montagne, elle commença de grimper vers elle. Elle grimpa et grimpa jusqu’à ce qu’elle atteignit le sommet du pic. Sur le plus haut pic brûlait un grand feu, et autour trônaient sur douze blocs de pierre des figures en longues robes. De ces douze étranges figures, trois avaient les cheveux blancs, trois étaient d’âge moyen, trois étaient pleins de jeunesse et de beauté, et les autres étaient encore plus jeunes. « Qu’est-ce que cela peut bien signifier ? » murmura Marouckla.
Ils étaient tous assis, silencieux face au feu. Ils étaient les Douze Mois de l’Année. Le grand Setchéne, Janvier était assis plus haut que les autres ; ses cheveux et sa moustache étaient aussi blancs que neige, et dans sa main, il tenait une baguette. Marouckla était terriblement effrayée pour commencer, mais elle prit quelques profondes respirations et le courage lui revint. Elle s’approcha du feu et dit , « Mes bonnes gens, puis-je me réchauffer à votre feu ? Je suis gelée par le froid hivernal ».
Le grand Setchéne leva la tête et demanda, «Qu’est ce qui t’amène ici, mon enfant ? Quelle est cette chose que tu cherches ? »
« Je cherche des violettes » répondit la jeune fille, se sentant plutôt idiote.
Les sourcils de Setchéne se haussèrent sous la surprise. « Ce n’est pas la saison pour les violettes ! Regarde autour de toi, ne vois-tu pas la neige recouvrant le sol ? »
« Je sais », soupira Marouckla , « mais ma sœur Helen et ma belle-mère m’ont ordonné de ramener des violettes de la montagne. Sinon, elles me tueront .»
Le grand Setchéne étudia la jeune fille durant un moment de silence, et il se tourna vers Mars, le plus jeune de tous les mois, et pressa la baguette entre ses mains. « Frère Brezéne, prend le trône le plus haut .»
Brezéne obéit, et alors qu’il s’asseyait sur le trône, il agita la baguette au dessus du feu. Immédiatement, les flammes s’élevèrent vers le ciel, la neige commença de fondre et les bourgeons sur les arbres de se former ; l’herbe devint verte et entre les brins émergèrent de pâles primevères. C’était le printemps, et les prairies étaient bleues de violettes.
« Cueille- les vite, Marouckla ! » pressa Brezéne.
Gaiement, elle se hâta de cueillir les fleurs, et aussitôt son panier en fut plein à ras-bord. Elle remercia les Douze Mois, et courut jusqu’à la maison aussi vite que ses jambes le lui permettaient. Alors qu’elle se précipitait sur le seuil de la chaumière, sa belle-mère s’écria, « Marouckla ! Je t’avais dit de ne pas revenir à moins que …à moins…quoi ?! » Ses yeux s’agrandirent d’étonnement alors qu’elle découvrait les violettes.
« Où les as-tu trouvées, Marouckla ? » demanda Helen hargneuse.
« Sous les arbres sur le flanc de la montagne » dit Marouckla « Tu sembles surprise, chère sœur. Ne voulais-tu pas des violettes ? »
Helen saisit les fleurs et les emmena dans sa chambre, ne remerciant même pas Marouckla pour la peine qu’elle s’était donnée. Le jour suivant, elle vint au petit déjeuner avec un sourire perfide aux lèvres. « Marouckla », dit-elle d’un ton sirupeux, « apporte-moi des fraises de la forêt. N’oublie pas qu’elles doivent être sucrées et mûres ».
« Des fraises ? » s’exclama Marouckla. « Qui a jamais entendu parler de fraises mûrissant dans la neige ? »
« Tiens ta langue, petit ver de terre ! Comment oses-tu me parler ainsi ? Si tu ne m’apportes pas mes fraises, je te tuerai ! »
La belle-mère saisit Marouckla par les cheveux et la traîna vers la porte, la poussa au dehors et verrouilla la porte.
La jeune fille malheureuse reprit le chemin du retour vers le sommet de la montagne et le grand feu autour duquel étaient assis les Douze Mois. Le grand Setchéne occupait le trône le plus haut.
« Mes chers amis, » Marouckla sourit, « puis-je m’asseoir près de votre feu pour m’y réchauffer ? Le froid de l’hiver est pire qu’il ne l’était auparavant. »
Le grand Setchéne leva la tête, « Pourquoi es-tu ici, Marouckla ? Quelle est cette chose que tu cherches ? »
« Des fraises », répondit Marouckla, « ma sœur m’a envoyé cueillir des fraises. »
« Nous sommes au milieu de l’hiver », répondit Setchéne d’un hochement négatif de la tête, « et tu dois comprendre que les fraises ne poussent pas dans la neige. »
« Je sais, je sais », dit Marouckla. « Mais si je reviens sans fraises, ma sœur s’est jurée de me tuer. S’il vous plait, bonnes gens, dîtes-moi où je peux les trouver ! »
Le grand Setchéne se leva et traversa le cercle vers le mois qui lui était opposé. Il plaça la baguette dans ses mains et dit, « Sœur Tchervéne, veuilles prendre place sur le trône le plus haut. »
Juin obéit, et alors qu’elle agitait la baguette au dessus du feu, les flammes s’élevèrent vers le ciel. Instantanément, la neige fondit, la terre se recouvrit de vert, plantes et feuilles sur les arbres, et diverses fleurs faisaient leur apparition dans toute la forêt. C’était l’Été dans toute sa gloire. Sous les buissons, des lots de fleurs blanches en étoile se transformaient en fraises, sous les yeux émerveillés de Marouckla, elles couvrirent rapidement la clairière, la faisant ressembler à un tapis rouge.
« Cueille-les vite, Marouckla ! », dit Tchervéne.
Joyeusement, elle remercia les Douze Mois, et ayant rempli son tablier de fraises, courut à toute vitesse jusqu’à la maison. Helen et sa mère regardèrent les fraises qui emplissaient la chaumière de leur délicieux parfum.
« Où as-tu trouvé ça , Marouckla? » demanda Helen revêche.
« Tout en haut de la montagne, où tu m’as dit d’aller. Ne sont-elles pas à ton goût ? »
Helen en distribua quelques unes à sa mère, et engouffra le reste ; pas une seule elle n’offrit à sa demi-sœur. Le matin suivant, elle se mit à désirer des pommes, des pommes rouges et mûres.
« Cours, Marouckla, cours dans la forêt et rapporte-moi les pommes les plus fraîches que tu puisses trouver .»
« Des pommes en hiver ? Tu dois plaisanter ! Comment cela se pourrait-il alors que les arbres n’ont ni feuilles, ni fruits. »
« Imbécile, pars cette minute même ! », dit Helen. « Si tu ne me rapportes pas de pommes, nous te tuerons. »
De la même manière que les deux précédentes fois, la belle-mère saisit Marouckla brutalement et la jeta hors de la maison. La pauvre enfant fit le chemin sanglotant jusqu’à la montagne, à travers la neige profonde sur laquelle il n’y avait nulle empreinte humaine et arriva au feu autour duquel étaient assis les Douze Mois. Immobiles, ils se tenaient, et sur le trône le plus haut était le grand Setchéne. Ils l’avaient aidé auparavant, l’aideraient-ils encore ?
« Mes bonnes gens, puis-je me réchauffer près de votre feu ? », Marouckla demanda alors qu’elle s’approchait. « Les vents d’hiver me font tellement trembler. »
Le grand Setchéne leva la tête et regarda directement la jeune fille, « Pourquoi es-tu encore ici, mon enfant ? Quelle est cette chose que tu cherches ? »
« Je suis ici à la recherche de pommes rouges », répondit Marouckla.
« C’est l’hiver, ma fille, et non la saison des pommes rouges », observa le grand Setchéne avec un sourire.
« Je sais », répondit la jeune fille, « mais ma sœur et ma belle-mère m’ont envoyé cueillir des pommes rouges sur la montagne ; si je retourne sans elles, elles me tueront. »
Le grand Setchéne se leva et s’avança vers l’un des mois les plus vieux, auquel il tendit la baguette et dit, « Mon frère Zaré, prends le trône le plus haut. »
Septembre alla sur le trône le plus haut et agita la baguette au dessus du feu. Il y eut une irruption de flammes rouges, la neige disparut, mais les feuilles mortes qui tremblaient sur les arbres furent emportées par le vent du nord-est et dispersées en tapis doré sur le sol de la clairière. Seules quelques fleurs d’automne étaient visibles, comme l’inule et l’œillet rouge, et il y avait du safran des près dans le ravin, et de la bruyère sous les hêtres. Au commencement, Marouckla chercha en vain des pommes rouges. Enfin, elle repéra un arbre qui poussait en hauteur, et de ses branches pendaient les fruits rouges vif. « Vite, Marouckla, cueille les pommes! », lui empressa Zaré.
La jeune fille était enchantée et secoua l’arbre. D’abord, une pomme en tomba, et puis une autre.
« C’est assez, » dit Zaré, « hâte-toi vers la maison maintenant ».
Remerciant les mois, elle s’en retourna. Helen était sans voix et la veuve regardait les fruits, étonnée.
« Où les as-tu cueillies ? » demanda la belle-mère.
« Sur le sommet de la montagne. Il y en a beaucoup là-haut. »
« Alors pourquoi n’en as-tu pas ramené davantage ? » Helen vociféra. « Tu les as sûrement mangées sur le chemin du retour, vilaine fille ! »
« Oh, non ! Je ne les ai même pas goûtées ! » dit Marouckla.
« J’ai secoué l’arbre deux fois, et une seule pomme en est tombée chaque fois. Je n’étais pas autorisée à le secouer encore une fois, et on m’a dit de rentrer chez moi ! »
« Puisse Zeus te frapper de sa foudre ! » s’écria Helen, la frappant à plusieurs reprises.
Marouckla pria d’être morte plutôt que d’avoir à subir davantage de sévices. Pleurant amèrement, elle s’enfuit dans la cuisine. Helen et sa mère avaient chacune une pomme, et les trouvèrent plus délicieuses que toutes les pommes qu’elles avaient pu déguster auparavant.
« Ecoute, mère, » dit Helen, « apporte-moi ma cape. Je cueillerai plus de ces pommes moi-même. Elles sont trop bonnes pour être laissées dans la forêt ! Je peux trouver la montagne et l’arbre, et personne n’osera me dire d’arrêter de secouer cet arbre ! »
En dépit des inquiétudes de la mère, Helen se revêtit de sa cape, couvrit sa tête d’un chaud capuchon, et prit la route de la montagne. La mère se tenait sur le seuil et regardait sa fille disparaître dans la forêt.
La neige recouvrait tout, et pas une seule empreinte à la surface. Helen se perdit, et erra de ci, de là. Après un long moment, elle vit une lumière au dessus d’elle, et la suivant, atteignit le sommet de la montagne. Là était le grand feu, les douze trônes et les Douze Mois. Au début, elle était effrayée et hésitante, puis elle s’approcha et se réchauffa les mains. Elle ne demanda pas la permission, ni ne proféra un mot de politesse.
« Qu’est-ce qui t’amène ici, Helen ? » dit le grand Setchéne sévèrement. « Quelle est cette chose que tu cherches ? »
« Je ne suis pas obligée de te le dire, vieil homme. En quoi cela te concerne t-il ? » répondit-elle avec dédain, tournant le dos au feu et se dirigeant vers la forêt.
Le grand Setchéne fronça les sourcils, et agita sa baguette au dessus de sa tête. Instantanément, le ciel se couvrit de nuages, le feu faiblit, la neige tomba à gros flocons, et un vent glacial hurla autour de la montagne. Au milieu de la furie de la tempête, Helen maudit sa demie-sœur. Sa cape ne parvenait pas à réchauffer ses membres gelés, et elle se perdit parmi les tourbillons du blizzard.
La belle-mère continua de guetter le retour de sa fille. Elle regardait de la fenêtre et guettait sur le pas de la porte, mais la fille jamais ne reparut. Les heures passaient lentement, et la tempête empira, mais Helen ne revint pas.
« Se pourrait-il que les pommes l’aient enchantée loin de la maison ? Peut-être ma fille égoïste a t-elle décidé de se garder toutes les pommes pour elle seule ! » grommela la vieille femme. Puis, elle se revêtit de sa cape et capuchon et partit à la recherche de sa fille. « Lorsque j’attraperai celle-là, je vais la secouer pour la punir de me causer tant de tracas! » La neige tombait en énormes flocons ; elle recouvrait tout, un épais manteau vierge de toute trace. Pendant un long moment, la vieille femme erra de ci, de là, le vent glacial du nord-est sifflait dans les montagnes, mais aucune voix ne répondait à ses appels.
Jour après jour, Marouckla travaillait; mais ni sa belle-mère, ni sa demi-sœur ne revinrent, et elle pouvait seulement suspecter qu’elles étaient mortes de froid sur la montagne. L’héritage de la petite chaumière et d’une vache lui revinrent. Après un temps, un fermier honnête vint partager sa vie et ils vécurent heureux et paisibles.
Conte russe que j'ai traduit de l'anglais.
Posted at 16:44 in Journal *** Hiver 2007 | Permalink | Comments (1)
Il y a deux sortes de renards au Japon, les renards qui ne connaissent pas la magie, et... les autres. On trouve beaucoup d'histoires racontant comment une renarde s'etant amourachée d'un humain revêtit apparence humaine pour le séduire. Le cas inverse est aussi connu. Les femmes séduites par des renards deviennent sorcières et elles ont ici aussi subi l'oppression. Lorsque les femmes sont soupconnées d'avoir un fiancé animal, on les accuse de sorcellerie, ce qui traduit non seulement une ignorance des pratiques chamaniques qui consistent à s'allier à des esprits animaux (les esprits auxiliaires) mais aussi une peur qu'engendre le monde sauvage. Le renard incarne pour moi toute la beauté et l'etrangeté de ce monde sauvage. Et à ce propos, j'ai lu dernierement un livre que je serais prête à relire encore et encore, ce qui arrive assez rarement, The Fox Woman de Kij Johnson:
Comme beaucoup de livres tout aussi excellents, il n'a pas été traduit en francais. Il raconte l'histoire d'une renarde au sein de son clan qui s'eprend d'un homme pour lequel elle va être initiée à la magie par son grand père renard. Elle parvient à créer l'illusion d'une apparence humaine et d'un grand domaine trop beau pour être "vrai" où elle entraine son amant et le protège du monde des humains. On connait des fées qui ont usé des mêmes stratagèmes. Et ce que j'ai trouvé particulierement bien décrit, ce sont l'illusion et la réalité mises en parallèle, la renarde est seule à savoir que le palais est en fait une tanière sombre et humide, que les plats somptueux ne sont que des amas de vieux os, et les mois se suivent dans cette atmosphère des plus beaux fastes sans que l'homme réalise qu'il est en train de vivre comme une bête sauvage.
Fascinant et très poetique...
Le renard de Narnia.
Et un renard de Stephanie Pui Min Law:
Source Wikipedia : "Dans le folklore nippon, le renard (prononcer kitsounè), tanuki, tengu sont les différentes formes d'un esprit magique polymorphe, appelé en tant que groupe. Les noms qu'on leur donne sont souvent féminins, ce qui signifie que les kitsune sont perçues comme une notion féminine. Elles sont rusées, jouent des tours et sont douées de pouvoirs magiques.
N'importe quel renard est censé devenir capable de changer de formes quand il atteint un âge avancé (souvent une centaine d'années), et ses pouvoirs ne cessent de croître avec le temps et parallèlement de nouvelles queues lui poussent.
Les kitsune sont souvent associées avec la divinité du riz Inari (divinité japonaise). Au départ les kitsune étaient les messagères d'Inari, mais les deux notions ont été assimilées au fil du temps l'une à l'autre. On trouve des kitsune à l'entrée des sanctuaires d'Inari. Les Kitsune sont reliées tant au rites shintoïstes que bouddhistes.
Les kitsune sont censées être douées de pouvoirs magiques importants, comme la possession, la capacité de souffler du feu, ou d'ignition en frottant leurs queues les unes contre les autres. Elles pourraient aussi se manifester dans le monde onirique, créer des illusions, courber l'espace et le temps, ou rendre les gens fous.
Il y a plusieurs types d'esprits kitsune, tels que les kitsune spectrales (Les Bakemono Kitsune de trois types : Reiko, Kiko or Koryo), ou les kitsune célèstes (Tenko, les renard à neuf queues, agés de 1000 ans). Les kitsune sont selon leur type, de mauvais augure (comme Kuko, le renard aérien) ou de bon augure (comme Genko le renard noir)."
Posted at 16:41 in Journal *** Hiver 2007 | Permalink | Comments (0)
... Il voulut déraciner un chêne nain qui avait poussé sans vergogne au milieu du vieux chemin et qui lui arrivait à peine au genou. Il le replanterait quelque part, ses arrière-petits-enfants en auraient du bois pour leurs armoires de noces.
C’est alors qu’il aperçut à son pied une espèce d’étoile à cinq branches, de couleur rougeâtre, qu’il prit d’abord pour un champignon. Mais, s’étant accroupi pour observer de plus près, il reconnut que l’étoile portait un pistil en son centre et qu’elle était éclose dans une couronne de feuilles dorées, rondes et grasses. C’était une plante comme il n’en avait jamais vu de pareille ici ou ailleurs. Il passa deux doigts sous les feuilles, trouva la tige et n’eut pas besoin de tirer beaucoup pour faire sortir de terre des filaments blanchâtres qui servaient de racines. Jean Pierre Daoudal se dit qu’une telle plante ferait sûrement plaisir à son ami apothicaire qu’il avait en ville. Il prit son mouchoir qui était toujours propre. Au moment d’y envelopper sa trouvaille, il s’aperçut que l’étoile à cinq branches s’était refermée, que la plante toute entière n’était plus qu’une boule d’or. Curieuse plante en vérité. Il mit le tout dans la poche de son patelot et se pencha de nouveau pour déraciner le petit chêne. C’est alors qu’il eut sa première surprise : il n’y avait pas plus de petit chêne en terre que de poil dans le creux de sa main.
Le maître de Trémoré, je crois l’avoir fait comprendre, n’était pas homme à déglutir de l’étoupe, mais il fut impressionné par le phénomène. Pour s’assurer qu’il n’avait pas rêvé debout, il tira son mouchoir de sa poche et le déplia sur sa main. La plante-étoile y était bien, roulée en boule. Mais où donc était passé le petit chêne qu’il devait replanter pour ses arrière-petits-enfants ? Et s’il avait été trompé par sa vue, comment la plante-étoile avait-elle pu échapper à l’erreur ? Il se promit de montrer ses yeux au plus savant des hommes de l’art, même si cela devait lui coûter le prix d’un veau. Et il en vint à s’inquiéter ferme en pensant qu’il était en train de couver une de ces maladies devant lesquelles le meilleur médecin n’est plus qu’un charlatan dérisoire. Mais cela ne dura pas longtemps parce qu’il avait l’impression que tout était plus léger, plus pur autour de lui, que lui-même était maître de son corps mieux qu’il ne l’avait jamais été, que les petites infirmités de l’âge avaient disparu et qu’il pourrait faire joliment le tour du monde à pied sans se rompre les genoux ni se couper le souffle. Quand il jeta un regard autour de lui, il fut un peu étonné de voir que bien des choses avaient changé depuis qu’il s’était accroupi devant l’étoile à cinq branches. Mais quoi ! Chacun sait que le visage du monde se modifie sous le regard d’un homme tout neuf. Décidément, le maître de Trémoré avait rajeuni en un tournemain. Après tout, il y en a d’autres qui vieillissent d’un seul coup, n’est-ce pas ! Il reprit gaillardement sa route vers le bourg, mais il avait oublié pourquoi il y allait et c’est en vain qu’on lui aurait demandé le nom de la journée qu’il était en train de vivre.
A la sortie du vieux chemin, là où se trouvent les deux grosses pierres contre lesquelles on cogne les cercueils de Trémoré pour leur faire dire adieu à ce monde, Jean Pierre Daoudal fut terriblement tenté d’aller toucher l’une et l’autre de ses mains, ce qu’un vivant ne doit pas faire sous peine de mettre en péril son corps mortel. Si le maître de Trémoré l’avait fait, peut-être serait-il redevenu l’homme qu’il était au départ de son manoir, ce matin-là. Car vous avez compris qu’il était dans l’Autre Monde par la vertu de cette étrange plante qui avait fleuri dans le vieux chemin des Morts sous la forme d’une étoile à cinq branches au pied d’un petit chêne. Un petit chêne qui n’avait poussé là que pour attirer l’attention du passant (n’importe qui ou Jean Pierre Daoudal à l’exception de tout autre ?) sur la fleur éclose dans une couronne de feuilles dorées, rondes et grasses. Et Jean Pierre l’avait cueillie de ses mains et enveloppée dans son mouchoir sans se douter que c’était là son sésame pour l’envers du monde. De ce sésame, son ami l’apothicaire ne verra jamais la couleur. »
L’Herbe d’Or de Per Jakez Helias
Posted at 16:40 in Journal *** Hiver 2007 | Permalink | Comments (0)
Perdu
Ne bouge plus. Les arbres devant toi et les buissons sur les côtés
Ne se sont pas perdus. Où que tu sois s’appelle Ici
Et tu dois le traiter comme un puissant étranger,
Tu dois demander la permission de le connaître et d’être connu.
La forêt respire. Écoute. Elle répond,
J’ai fait cet endroit autour de toi.
Si tu t’en vas, tu pourras revenir, en disant Ici.
Il n’existe pas deux arbres semblables pour Corbeau.
Il n’existe pas deux branches semblables pour Roitelet.
Si tu ne comprends pas ce que fait un arbre ou un buisson,
Tu t’es certainement perdu. Ne bouge plus. La forêt sait
Où tu es. Laisse-la te trouver.
~ David Wagoner ~ (Riverbed)
Posted at 16:39 in Journal *** Hiver 2007 | Permalink | Comments (0)
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