Le petit dernier, un hommage à Morozko, le Petit Père Hiver du folklore russe:
C'est lui qui créé toutes les jolies lumières scintillantes en attendant le retour du soleil.
Morozko:
Le Père Gel et sa petite fille, Snegourochka, petite fille des neiges, sont les deux personnages indissociables du Noël russe. Le Père Gel est habillé d’un grand manteau rouge orné de fourrure blanche (synthétique bien évidemment !), c’est un homme plutôt âgé qui a l’air d’un grand-père avec une grande barbe blanche. Snegourochka, sa petite-fille, est habillée d’une robe bleue ou blanche décorée de paillettes, elle porte sur la tête un magnifique kokochnik - diadème - orné de pierres. Il faut dire que les mots gel et neige n’ont pas un sens uniquement symbolique en Russie, au début du mois de janvier, une grande vague de froid traverse le pays à grands pas. Dans certaines villes la température peut descendre jusqu'à moins de 40°. Les enfants sont en vacances et participent beaucoup aux différents outrenniks - les spectacles du matin, toujours en présence du Père Gel, de Snegorouchka et des personnages populaires des contes russes parmi lesquels la méchante Baba-Yaga, qui essaie de raisonner les enfants, en vain ! La Russie ne manque pas de bois et à cette époque, les beaux sapins apparaissent dans les foyers russes, dans les écoles, et selon la tradition il y a toujours un beau sapin décoré sur la place centrale de chaque ville. Les spectacles Rojdestvenskie Elki sont organisés régulièrement autour des sapins où le Père Gel distribue les cadeaux aux enfants. Il y a bien longtemps, Morok, le dieu du froid, se déplaçait dans les villages et envoyait le gel. Pour essayer de se protéger du froid mordant, les villageois mettaient des cadeaux sur leurs fenêtres: bliny, kissiel, biscuits, koutia. Petit à petit, le méchant Morok s'est transformé en gentil Ded Moroz (Père Gel ou Père Hiver) qui apporte les cadeaux lui-même. Snegourotchka, fille de Ded Moroz et de Vesna (la déesse du printemps), l'accompagne dans cette mission. Les fêtes d'hiver commençaient le jour du solstice. Le jour le plus court s'appelait "karatchoun". Ensuite commençaient les rites consacrés aux âmes des ancêtres: pour les honorer, on préparait des mets rituels, et la nuit du 25 décembre les gens faisaient les feux de paille pour "réchauffer" les âmes des ancêtres.:
Morozko, Morozka, Treskoun, Stoudenets:
Dieu de l'hiver et du froid, personnage des contes et du folklore. Il commande la neige et le gel. Moroz vit dans la forêt, dans une izba de glace. On croyait que si Moroz tapait sur le coin de l'izba, un madrier se fissurerait. Selon certaines légendes, c'est Morok qui s'est transformé en Moroz au fil des siècles. Moroz est un personnage important des rites slaves: par exemple, la veille de Noël, dans chaque famille le plus âgé sortait sur le seuil de la maison et proposait à Moroz une cuillère de kissiel ou de koutia en disant: "Moroz! Moroz! Viens manger du kissiel. Moroz! Moroz! Ne gèle pas nos récoltes!", et ensuite il énumérait les plantes et les céréales qu'il ne devait pas geler.
Voici comment se présente Ded Moroz à l'époque actuelle:
1. Il porte un chapeau très chaud, bordé de fourrure, sans pompons.
2. Son nez est rouge (pas d'analogies incongrues! La vodka n'y est
pour rien, c'est seulement à cause du froid!). Parfois le nez est bleu.
3. Sa barbe est très longue et soyeuse, comme la neige.
4. Ded Moroz porte une longue pelisse bleue. Sous l'influence de ses homologues occidentaux, la couleur rouge est admise aussi.
5. Ses mains sont cachées dans de gros gants chauds.
6. La pelisse de Ded Moroz n'a pas de ceinture en cuir. Il porte une
ceinture en tissu, et maintenant il ferme sa pelisse avec les boutons.
7. Il chausse des bottes de feutre (valenki).
8. Ded Moroz tient un long bâton avec lequel il lance le gel.
9. Un sac plein de cadeaux est un attribut bien plus récent du Maître de l'hiver. Certains enfants croient que le sac est sans fond. En tout cas, Ded Moroz ne laisse personne le toucher et en sort des cadeaux tout seul.
10. Ded Moroz se déplace à pied, dans l'air, à ski ou sur un traîneau
tiré par trois chevaux.
11. A la différence de ses homologues occidentaux, Ded Moroz a une
fille Snégourotchka qui est aussi la fille de Vesna, la déesse du printemps.
12. Ded Moroz ne porte pas de lunettes et ne fume pas la pipe.
Snégourotchka ou la petite fille des neiges.
Fille (ou selon certaines légendes, petite-fille) de Ded Moroz (le Père Hiver) et de Vesna, la déesse du printemps. Parfois en été elle vit chez les gens et les aide. Quand elle se promène dans la forêt, les petits animaux viennent la voir. Son coeur est froid, et si quelqu'un arrive à l'enflammer d'amour, elle fond sous les rayons du dieu soleil Iarilo. A Noël, elle apporte les cadeaux avec Ded Moroz.
Sources: google.
Le conte de MOROZKO
Il etait une fois un vieil homme et une vieille femme qui avaient trois filles. La vieille femme n’aimait pas l’ainée, qui etait en réalité sa belle-fille. Sans arrêt, elle la tancait, la faisait lever avant l’aube pour la charger d’innombrables besognes. La jeune fille devait soigner les bêtes, faire la corvée d’eau pour l’heure du lever. Et, malgré tout cela, jamais la vieille n’etait contente et elle ne cessait de crier apres Marfa : « Fainéante, souillon ! et le banc du poële qui n’est pas à sa place, et l’isba qui est sale ! »
La pauvrette pleurait en silence. Elle s’efforcait par tous les moyens de plaire à sa marâtre et de servir les filles de celle-ci ; mais les filles, qui imitaient leur mère, taquinaient méchamment Marfa, lui jouaient de vilains tours et la faisaient pleurer : c’etait même devenu un de leurs jeux favoris. Quant à elles, elles se levaient tard, se servaient pour faire leur toilette de l’eau que Marfa avait été puiser, de la serviette que Marfa avait lavée et repassée, et n’etaient jamais prêtes qu’au moment de passer à table. Cependant, nos jeunes filles allaient grandissant, s’epanouissant à vue d’œil. L’heure vint de songer à les marier. Conter, c’est vite fait, agir, c’est bien plus long. Le vieil homme aurait bien eu pitié de sa fille ainée, il l’aimait non seulement parce qu’elle etait obéissante et laborieuse, mais aussi parce qu’elle etait aimable et affectueuse. Mais il ne savait que faire, il etait faible, et la vieille femme avait toujours le dessus.
Ainsi donc, nos vieux se prirent à songer : tandis que le vieil homme se demandait quel parti trouver pour ses filles, la vieille femme resolut d’en profiter pour se débarrasser de l’ainée. Un jour, elle dit au vieil homme : « Il faut marier Marfa ! – bien, dit le vieil homme en montant péniblement se coucher. – demain, tu te lèveras un peu plus tôt que de coutûme pour atteler la jument au traineau. Tu amèneras Marfa. Quant à toi, Marfa, demain tu vas en visite. N’oublie pas de mettre dans un panier tout ce que tu possèdes et de mettre des vêtements propres ! »
La bonne Marfa fut heureuse à l’idée que le lendemain elle allait en visite et elle dormit bien. Au matin, elle se leva de bonne heure, se lava, rassembla toutes ses maigres affaires, s’habilla de son mieux, et il faut reconnaître qu’elle etait une tres jolie fille. Or, on etait en plein hiver, dehors régnait le gel craquant, Morozko le Père Hiver.
Au matin, à la pointe du jour, le vieil homme attela la jument et approcha le traineau du perron.
« C’est fait, tout est prêt ! dit-il en entrant. – mettez-vous à table et mangez un morceau ! » - dit la vieille femme.
Le vieil homme s’installa et prit la miche, et coupa une tranche mais Marfa n’eut qu’une coupelle remplie d’un restant de soupe aux choux. La vieille femme dit :
« Allons, ma chère, mange, et file ! Je t’ai assez vu comme cela ! Toi, barbe grise, tu vas conduire Marfa à son fiancé, mais prends garde de prendre le grand chemin et d’aller directement vers la forêt de sapins. Tu iras ensuite droit jusqu’au grand sapin qui est sur les hauteurs. Une fois là, donne-la à Morozko, le Père Hiver ! »
Le vieil homme écarquilla les yeux, ouvrit la bouche et cessa de manger. La pauvre Marfa commenca de sangloter.
« Allons, allons, assez pleurniché ! De quoi te plains-tu ? Ton fiancé est riche et beau ! Ses biens sont innombrables, sapins, pins, bouleaux couverts de blanc cristaux, tout cela est à lui ! Tu vivras richement et tous t’envieront ! »
Le vieil homme savait qu’il etait inutile de discuter les ordres de sa femme et en silence, il emmena sa fille jusqu’au traineau et l’enveloppa dans une vieille couverture et ils partirent. Le temps passait-il vite ou non, je ne sais, conter c’est vite fait, agir, c’est bien plus long. Enfin, il parvint à la forêt de sapins, quitta le sentier et avanca sur la neige glacée. Il s’enfonca dans l’obscurité du sous-bois. Parvenu au sapin, il s’arrêta, fit descendre sa fille, déposa le panier au pied de l’arbre et dit : « Reste là à attendre ton fiancé ; surtout, fais-lui bon accueil ! » Puis il tourna bride et tout attristé, rentra à la maison.
La jeune fille enveloppée de sa fine pelisse de mouton tremblait de la tête aux pieds. Ses dents s’entrechoquaient si fort qu’elle n’avait pas la force de pleurer. Tout-à-coup elle entendit un craquement : c’etait Morozko qui sautait de sapin en sapin en faisant claquer ses doigts. D’un bond, il atteignit le sapin au pied duquel etait assise la jeune fille et de là-haut il questionna :
« Tu as chaud, belle fille ? – mais oui, j’ai chaud, Morozko ! »
Le Père Hiver se mit à descendre, craquant et claquant des doigts de plus belle. Et il demanda :
« Tu as chaud, jeune fille ? Es-tu sûre ? »
La belle fille, qui respirait à peine, remua encore les lèvres :
« Oh, j’ai chaud, Morozko! J’ai chaud ! »
Morozko se mit à craquer et à claquer des doigts encore davantage et dit :
« Tu as chaud, jeune fille ? Tu as chaud maintenant, belle fille ? As-tu chaud, ma chérie ? »
La belle fille, dont les membres s’engourdissaient, n’eut plus la force que de murmurer encore :
« Assez chaud, mon cher Morozko ! »
Alors, cette fois, le Père Hiver s’attendrit, il enveloppa la jeune fille de riches fourrures et la réchauffa dans des couvertures bien chaudes.
Au matin, la vieille femme dit à son mari : « Allez, va réveiller les jeunes époux ! » Le vieil homme larmoyant attela le cheval et partit. Lorsqu’il arriva, il trouva sa fille vivante, couverte d’une fourrure somptueuse, d’un voile nuptial magnifique, avec, aupres d’elle un coffre rempli de sublimes cadeaux. Emerveillé, il chargea le tout sur le traineau, monta dedans avec sa fille et prit le chemin du retour. En rentrant au logis, la vieille marâtre etait stupéfaite de la voir revenir vivante, couverte d’un magnifique manteau et ramenant un coffre de précieux cadeaux.
« Non, mais ce n’est pas ainsi que l’on m’abuse ! »
A quelque temps de là, la vieille femme déclara à son epoux : « Mes filles aussi, il faut les conduire au même fiancé ! Les cadeaux qu’a recu Marfa ne sont rien comparés à ceux qu’il fera à mes filles ! » Conter, c’est vite fait, agir, c’est bien plus long. De très bonne heure, la vieille femme prépara à ses filles un repas copieux, elle les para de leurs plus beaux atours et leur souhaita bonne route. Le vieil homme laissa ses filles au même endroit sous le pin. Nos demoiselles resterent là à ricaner entre elles :
« Quelle idée elle a, notre mère, de nous donner toutes les deux en mariage en même temps ! Comme s’il n’y avait pas assez de gars au village ? A qui diable allons-nous avoir affaire ? » Les jeunes filles avaient beau être couvertes de manteaux de fourrure, le froid les saisit.
« Comment te sens-tu, Prascovia ? Moi, je suis couverte de frissons. Alors, il vient, ce fiancé ? On va geler à l’attendre ! – Oh, tais-toi, Macha ! Comme si les fiancés se presentaient tôt le matin ! Ce n’est même pas l’heure du déjeûner, et en plus, on a rien à manger ! A ton avis, Prascovia, s’il n’en vient qu’un, qui prendra t’il ? – sûrement pas toi, bécasse ! – parce que tu te figures que c’est toi qu’il va prendre ! Bien sûr que c’est moi ! – toi ! Arrête de dire des bêtises ! »
Et comme le gel raidissait leurs mains, elle les glisserent sous leurs manteaux et reprirent :
« Tête de bois, sale teigne ! Tu ne sais même pas filer ! – Et toi, vantarde, qu’est ce que tu sais faire ? Courir de veillée en veillée et t’empiffrer. On va bien voir qui il choisira ! »
Tout en débitant ainsi sornettes après sornettes, les deux jeunes filles grelottaient pour de bon. D’une même voix, elles s’ecrierent : « Quelle brute ! Mais que fait-il donc ? Pourquoi tarde t-il ? Tu es toute bleue de froid ! »
Soudain, dans le lointain, le Père Hiver se mit à craquer et à claquer des doigts tout en sautant de sapin en sapin. Les jeunes filles l’entendirent approcher :
« Tu entends, Prascovia, le voilà qui arrive dans un traineau avec des clochettes ! – laisse-moi, bourrique ! je n’entends rien, je pèle de froid ! – et tu veux te marier ! »
Elles se mirent à souffler sur leurs doigts. Morozko se rapprochait de sapin en sapin. Enfin, le voilà sur le sapin au dessus des jeunes filles. Il dit :
« Vous avez chaud, jeunes filles, hein ? Vous avez chaud, mes chéries ? – Oh, Père Hiver, comme nous avons froid ! Nous nous gelons à attendre un fiancé qui ne vient pas, maudit soit-il ! »
Père Hiver descendit, craquant et claquant des doigts de plus belle :
« Vous avez chaud, jeunes filles ? Vous avez chaud, belles filles ? – Va donc au diable ! Tu es aveugle, ma parole ! Tu ne vois pas qu’on ne sent même plus nos mains et nos pieds tellement ils sont gourds ! »
Père Hiver descendit encore et, leur envoyant un souffle glacé sur le visage, il dit :
« Avez-vous assez chaud maintenant, mes belles ? – Puisses-tu aller à tous les diables, maudit ! » Et les jeunes filles à cet instant même tombèrent à la renverse, pétrifiées.
Au matin, la vieille femme réveilla son homme très tôt et lui dit:
« Tu vas atteler le traineau couvert ! Tu le garniras d’une botte de foin et de pelisses de moutons. Pour sûr, les petites n’ont pas chaud, dehors, il a gelé cette nuit à pierre fendre ! Et dépêche-toi, ne les fais pas attendre ! »
Elle ne le laissa pas prendre de petit déjeûner. Il prit la route vers la forêt de sapins mais lorsqu’il parvint au grand sapin sur les hauteurs, il trouva ses filles mortes. Il les mit dans le traineau, et les recouvrit des pelisses de moutons. Et tristement, revint au logis. L’apercevant la vieille femme courut à sa rencontre en criant :
« Où sont les petites ? – Dans le traineau. »
La vieille femme souleva les pelisses, et se mit à hurler.
Alors, comme l’orage, elle déchaîna sa furie contre son epoux :
« Qu’as-tu fait, vieux bandit ? Tu as tué mes petites, mes filles chéries, mes jolis grains, mes beaux fruits rouges ! Attends que j’attrape la fourche pour te frapper, le tisonnier pour te massacrer ! »
Alors, le vieil homme, pour la premiere fois de sa vie lui tint tête :
« Assez! Tu pensais que tes filles allaient devenir riches, et cela aurait pu leur arriver si elles avaient été aussi gentilles et aimables que ma Marfa. Et puis – qui les a envoyées dans la forêt ? »
La vieille femme pour une fois garda le silence. Quant à Marfa, elle epousa un beau jeune homme du village et ils vécurent heureux. Mais lorsque leurs enfants deviennent turbulents et insolents, le vieil homme leur raconte, pour les effrayer, les histoires du Père Hiver.
Conte que j'ai traduit de l'anglais.
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