De Dan Simmons
Extrait du "Cafard cosmique":
En grand professionnel, Dan SIMMONS reprend tout ce qui “marche” dans un roman ou un film d’horreur : un environnement hostile qui ne fait aucun cadeau à ceux qui ne s’en méfient pas assez [l’océan, l’espace, le grand nord, l’enfer vert - rayez les mentions inutiles], une créature griffue jamais vraiment décrite [passez par la case Alien et revenez contents], quelques points de vue intéressants sur la vie, l’univers et le reste, sans oublier la régulière et nécessaire mise à mort des protagonistes qui tombent peu à peu... Ce qui s’appelle un compte à rebours, et qui fonctionne décidément très bien.
Milieu du dix-neuvième siècle, époque pas si lointaine où la cartographie mondiale souffre encore de sévères lacunes. Époque où les pôles recèlent pas mal de mystères et où la Royal Navy anglaise possède son propre service d’exploration. Le graal, c’est le passage du Nord-Ouest [le canal de Panama n’est encore qu’un vague concept]. Si l’on pouvait trouver un moyen fiable et sûr de rallier l’extrême-orient par l’Ouest en passant au-dessus du Canada, le commerce ne s’en porterait que mieux. Et l’économie. Et la domination anglaise sur les mers. Autant de bonnes raisons pour le chercher sérieusement, malgré des conditions délirantes [obligation de passer plusieurs hivers bloqués dans les glaces, faim, froid, scorbut et tutti quanti] qui sont loin de garantir un quelconque retour.
Vétéran de l’exploration polaire, Sir John Franklin [décrit par SIMMONS comme un personnage somme toute assez médiocre] monte une expédition appelée à faire date. Il reprend les deux fameux navires Erebus et Terror [ceux-là même qui ont donné leurs noms aux deux volcans antarctiques lors d’une précédente exploration], les fait radicalement modifier en y ajoutant une propulsion vapeur [nous sommes alors au tout début de l’ère de la machine à vapeur, et cet ajout possède le double avantage de chauffer le navire et de se substituer aux voiles en cas de besoin], remplit les cales de boîtes de conserve [procédé là encore relativement nouveau], l’ensemble garantissant une autonomie d’environ cinq ans, ce qui devrait largement suffire pour découvrir ce fichu passage du Nord-Ouest.
Et voilà 129 hommes partis pour changer à jamais le visage du monde, sauf que, on s’en doute, les choses ne se passent pas exactement comme prévu.
Rigoureusement authentique d’un point de vue historique [faites confiance à Dan SIMMONS - ou faites vos propres recherches Internet ou autre, vous serez surpris à quel point l’auteur n’invente rien], l’expédition Franklin disparut sans laisser de traces. Et paradoxalement, c’est l’acharnement de la veuve Franklin à découvrir la vérité qui entraîna la reprise des expéditions polaire [en multipliant les missions de secours] et la découverte du passage du Nord-ouest par un certain... Amundsen [mais en traineau, et pas en bateau...] quelques années plus tard au tout début du vingtième siècle.
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