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de Philip Pullman
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Il est au départ déstabilisant, le monde dans lequel nous invite Philip Pullman. Il ressemble étrangement au nôtre, et s'en sépare tout à la fois, étrangement, par des détails qui apparaissent au fil du récit. On voyage en zeppelin, on rencontre des sorcières, des ours en armure... Chaque personnage est accompagné d'un "daemon", sorte d'animal familier mais qui est bien plus que cela : le daemon fait partie de son compagnon humain, il est le reflet de son âme. L'un ne peut survivre à l'autre. Celui de Lyra, la jeune héroïne, s'appelle Pantalaimon. Il la suivra dans toutes ses aventures jusque dans les Royaumes du Nord, en quête de la vérité sur la mystérieuse "Poussière". Voilà un roman résolument original, lyrique, poétique en même temps que passionnant. À la croisée des mondes, les croyances et les cultures se frottent, se lient ou se heurtent, les certitudes y vacillent, jusqu'à un dénouement en forme de suspense... suite au prochain épisode, La Tour de anges. À partir de 11 ans. --Pascale Wester --Ce texte fait référence à l'édition Relié .
Présentation de l'éditeur
Ce n'était pas une vie ordinaire pour une jeune fille de onze ans : Lyra vivait, en compagnie de son daemon Pantalaimon, parmi les Erudits de Jordan College, passant ses journées à courir dans les rues d'Oxford à la recherche éperdue d'aventures. Mais sa vie bascule le jour où elle entend parler d'une extraordinaire particule. D'une taille microscopique, la Poussière - que l'on trouve uniquement dans les vastes étendues glacées des Royaumes du Nord - est censée posséder le pouvoir de briser les frontières entre les mondes, un pouvoir qui suscite effroi et convoitises... Jetée au cœur d'un terrible conflit, Lyra sera forcée d'accorder sa confiance aux gitans et à de terribles ours en armure. Et, lors de son périlleux voyage vers le Nord, elle devra découvrir pourquoi son propre destin semble étroitement lié à cette bataille sans merci où s'opposent des forces que nul ne l'avait préparée à affronter.
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de Clarissa Pinkola Estes
Chaque femme porte en elle une force naturelle riche de dons créateurs, de bons instincts et d'un savoir immémorial. Chaque femme a en elle la Femme Sauvage. Mais la Femme Sauvage, comme la nature sauvage, comme l'animal sauvage, est victime de la civilisation. La société, la culture la traquent, la capturent, la musellent, afin qu'elle entre dans le moule réducteur des rôles qui lui sont assignés et ne puisse entendre la voix généreuse issue de son âme profonde. Pourtant, si éloignées que nous soyons de la Femme Sauvage, notre nature instinctuelle, nous sentons sa présence. Nous la rencontrons dans nos rêves, dans notre psyché. Nous entendons son appel. C'est à nous d'y répondre, de retourner vers elle dont nous avons, au fond de nous-mêmes, tant envie et tant besoin. De par sa double tradition de psychanalyste et de conteuse, Clarissa Pinkola Estés nous aide à entreprendre la démarche grâce à cet ouvrage unique, parcouru par le souffle d'une immense générosité. A travers les " fouilles psycho-archéologiques " des ruines de l'inconscient féminin qu'elle effectue depuis plus de vingt ans, elle nous montre la route en faisant appel aux mythes universels et aux contes de toutes les cultures, de la Vierge Marie à Vénus, de Barbe-Bleue à la Petite Marchande d'allumettes. La femme qui récupère sa nature sauvage est comme les loups. Elle court, danse, hurle avec eux. Elle est débordante de vitalité, de créativité, bien dans son corps, vibrante d'âme, donneuse de vie. Il ne tient qu'à nous d'être cette femme-là.
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de Graham Joyce
Par delà l'horreur, à travers les siècles, elle lui tendait la main...
et menaçait ses enfants.
Alex et Maggie Sanders mènent une vie des plus ordinaires, jusqu'à ce qu'ils découvrent au fond d'une vieille cheminée inutilisée le journal de Bella. A première vue, celui-ci paraît bien innocent : une liste de breuvages et de simples pour soigner les petits maux de tous les jours.
Mais Maggie est très vite convaincue que derrière les mots se cache un sens destiné à elle seule. En essayant quelques recettes, elle pénètre dans un monde mystérieux auquel elle n'avait jamais cru, celui de la sorcellerie. Et quand la défunte Bella revient, en quête d'une paix qu'elle n'a pas trouvée dans la tombe, Maggie sent qu'elle risque de perdre la raison et de détruire toute sa famille.
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Nick Bantock reprend le mode épistolaire pour la quatrième fois après le succès de sa trilogie (Sabine & Griffon, Les carnets de Sabine et Le Nombre d'or). Et toujours des enveloppes, des lettres manuscrites, des cartes postales qui font de ce livre un étonnement permanent.
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Kundry - 2 avril 2007
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Les photos d'aujourd'hui:
Voici un extrait que j'ai traduit et qui est tiré de "Daimonic Reality" de Patrick Harpur qui a beaucoup enquêté sur les apparitions de fées, les crops circles et même les "petits gris" . Pour Harpur, l'inconscient collectif et l'Autre Monde des païens ne forment qu'un. Et plus encore, non seulement cet Autre Monde / Inconscient Collectif est en nous, mais il est aussi physique. À priori, l'aspect physique de ces manifestations n'est pas evident, dû à l' élusivité de ces manifestations, et par consequent rien encore, à ce jour, ne peut reduire le scepticisme. Et pourtant... Harpur etablit que c'est la nature même de ces habitants de l'Autre Monde d'être élusifs, mercuriels, et enigmatiques. Toujours entre deux. Se manifestant juste assez pour brouiller les pistes, nous faire perdre notre sens de l'orientation, laissant une impression très vivide et réelle chez les personnes "visitées" mais sans aucune preuve. Certaines manifestations relevent presque du canular. Alors pourquoi ces apparitions qui viennent nous taquiner et laissent les chercheurs de preuves sur leur faim? Peut-être pour nous faire comprendre que leur existence ne peut être prouvée par nos vulgaires appareils photos, nos cameras, et nos télés. Rien ne peut capturer ces êtres-là, sinon les quelques traces qu'ils laissent ici et là, un crop circle, une ronde de fées, ou même encore un simple arc-en-ciel, car ils sement leurs signes à tout vent pour celui qui sait les voir, non pas à travers un "objectif" car l'objectivité est une illusion, mais à travers l'âme même de l'humain.
Extrait de RÉALITÉ PSYCHIQUE de Patrick Harpur
Plus que quiconque au 20 ieme siecle, Jung avait une vue du monde qui rendait les apparitions intelligibles. Il fit cette découverte empiriquement en examinant les rêves et les fantaisies de ses patients, ce qui le mena à révéler un niveau profond collectif de l’inconscient contenant des images archétypales vivant une vie objective indépendante. Naturellement, il rechercha un pendant historique à cette idée, et il la trouva, dans l’alchimie. Loin d’être seulement une forme primitive de chimie, elle s‘avera être un système de rituel complexe d’auto-initiation - une entière « science de l’âme » en fait. Nous pouvons imaginer son émotion lorsque, par exemple, il lut dans un texte alchimique que « l’âme est seulement partiellement confinée dans le corps, juste comme Dieu est seulement en partie enfermé dans le corps du monde ». Cela confirma sa propre conclusion que « la psyché est seulement en partie identique à notre être conscient empirique ; pour le reste, elle est projetée et à cet état, elle imagine ou représente ces choses que le corps ne peut saisir …». Ici, la nature objective de la psyché est fermement établie. Mais Jung s’attache à l’ intériorité fondamentale de la psyché, dont les manifestations extérieures ne sont seulement que des projections. Au moment de son magnum opus – Mysterium Conjonctionis- même cette conviction était ébranlée. « Cela pourrait bien être un préjudice » Jung médite « que de restreindre la psyché à l’intérieur du corps ». Dans la mesure où la psyché a un aspect non-spatial, il pourrait bien y avoir une psyché « en dehors du corps », une région si totalement différente de « ma » sphère psychique que l’on doit sortir de soi-même… pour s’y rendre. Jung a imaginé cette région comme étant un « pays étranger en dehors de l’ego » tel que celui auquel les hommes tribaux croyaient – un monde total, invisible mais présent dans celui-ci, qui était habité par à la fois les esprits des ancêtres et les esprits dont ce monde était le leur (et qui n’avaient jamais été incarnés). Il pouvait être aussi, bien sûr, ressenti comme un monde « psychique » « intérieur », comme un monde miniaturisé. En d’autre mots, Jung pense maintenant moins en termes de deux mondes, l’un intérieur et l’autre extérieur, et davantage en termes de deux aspects d’un même monde : un microcosme et un macrocosme. Il appela ce monde « réalité psychique ». Il est difficile pour nous de saisir la réalité psychique parce que notre vue du monde est tenacement dualiste depuis si longtemps. Le dualisme remporta du succès au début du 17 ième siecle avec le nouvel empirisme de Francis Bacon et la philosophie de René Descartes, qui divisa fermement le monde entre l’Esprit (sujet) et Extension (objet). Mais le fondement d’une telle division avait été posée des siècles auparavant, au Conseil de l’Eglise de 869, qui établit de manière dogmatique que l’homme était composé de deux parties, le corps et l’esprit. Le troisième composant – l’âme- était sous-jacente à l’esprit, et donc la distinction essentielle fut perdue. Car, c’est précisément à l’âme (grec : psyche, latin : anima) que la psyché se réfère : un monde intermédiaire entre le physique et le spirituel, participant des deux. (…) Les grandes autorités au sujet du monde intermédiaire de la réalité psychique furent les Néo-platonistes qui fleurirent de la moitié du 3 ième siècle jusqu’au milieu du 6 ieme. Selon le dialogue le plus mystique de Platon, le Timaeus, ils appelaient cette région intermédiaire l’Âme du Monde, largement connue en latin comme Anima Mundi. Tout comme l’âme humaine agissant en médiatrice entre l’esprit et le corps, ainsi le monde de l’Âme agissait en médiateur entre L’Unique (qui, comme Dieu, etait la source transcendante de toute chose) et le matériel, monde sensoriel. Les agents de cette médiation étaient appelés daimons (quelquefois épelés daemons) – qui, pour ainsi dire, peuplaient le Monde de l’âme et procuraient une connexion entre les dieux et les hommes. Le christianisme plus tard, injustement prononca ces daimons « démons ». Mais à l’origine, ils étaient simplement les êtres qui affluaient dans les mythes et le folklore, des nymphes grecques, satyres, faunes, dryades, etc.… aux elfes, gnomes, trolls, djinns, et autres. Les daimons étaient essentiels à la tradition philosophique Gnostique -Hermétique- Néoplatonicienne – qui était davantage plus proche de la psychologie (au sens Jungien) ou une discipline mystique que les exercices logiques que cette philosophie devint. Mais les daimons des mythes évoluaient en un genre plus adapté à ces philosophies, qu’ils soient anges, âmes, archons, trônes, ou pouvoirs – dont beaucoup, plus tard infiltrèrent le christianisme. Toujours flexibles, les daimons changeaient leur forme pour convenir à l’époque, devenant même des abstractions lorsque nécessaire (les hénades néoplatoniciennes par exemple) mais préférant si possible demeurer personnifiés. La collection de personnages archétypaux de Jung- ombre, anima/animus, Grande Mère, Vieux Sage- placa celui-ci fermement dans cette tradition. Jamais vraiment divins ni humains, les daimons firent irruption du Monde de l’Âme. Ils n’étaient ni spirituels, ni physiques, mais les deux. Non plus étaient-ils, comme Jung le découvrit, totalement intérieurs ou totalement extérieurs, mais les deux. Ils étaient des êtres paradoxaux, à la fois bons et mauvais, bienveillants et effrayants, guidant et prévenant, protégeant et rendant fous. (…) Dans les termes de Jung, les daimons étaient des images archétypales qui, dans le processus de l’individuation, nous conduisaient vers les archétypes (dieux) eux-mêmes. Ils n’avaient pas à délivrer des messages ; ils étaient les messages eux-mêmes. Les Grecs comprirent très tôt que les daimons pouvaient être psychologiques, au sens Jungien. Ils attribuèrent aux daimons « ces impulsions irrationnelles qui montent en un homme contre sa volonté pour le tenter – comme l’espoir ou la peur, par exemple. » Les daimons de la passion ou de la jalousie et de la haine nous possèdent encore, comme ils l’ont toujours fait, nous faisant nous indigner « je ne sais pas ce qui m’a pris. Je n’étais pas moi-même ». Mais alors que l’activité daimonique est plus remarquable dans les comportements obsessifs et irrationnels, elle est toujours calmement au travail derrière les scènes. Notre tâche est d’identifier le daimon derrière nos besoins et nos désirs les plus profonds, nos projets et idéologies pour lesquels, comme nous l’avons vu, ils ont toujours un intérêt religieux, allant et retournant au divin, le fond archétypal de l’être. La chose que nous ne devons pas faire est de les ignorer parce que comme Plutarque a mis en garde, celui qui nie les daimons brise la chaîne qui unit le monde à Dieu.
Patrick Harpur « Daimonic Reality »
Kundry - 30 mars 2007
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Et voici ma copine, Baba Yaga la Sorcière, très coquette et adepte du fard à joue:
Baba Yaga, pour voler plus vite et ne pas être encombrée, a tendance à jeter ses seins par dessus ses épaules de sorte que ceux-ci pendent dans le dos.
Le conte de Baba Yaga à cette adresse:
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La maison de mes rêves:
"Teremok"
Avec mon trône:
Elle se trouve en Russie à Talashkino.
Et pour continuer, celle-ci n'est pas mal non plus:
Quoique ca manque un peu de fenêtres. C'est une église (Kizhi en Carelie). La région est d'ailleurs magnifique:
J'ai pris ces deux dernières photos à cette adresse:
http://kizhi.karelia.ru/main_galery_e.htm
La machoire m'en est tombée, toutes les photos sont sublimes!
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Le Gitan et le Loup
Une meute de loups était menée par un vieux loup redoutable qui avait vu beaucoup de dangers dans sa longue vie. Il avait craché dans l’œil de la mort bien des fois, toujours ressortant triomphant de tous ses combats.
Le vieux loup connaissait les lois de la forêt, savait que la forêt n’épargnait pas le faible, il savait aussi qu’un jour, il serait trop vieux pour mener la meute. Et alors, ils ne l’épargneraient pas.
Bien que ses vieilles blessures l’empêchaient de chasser aussi bien que dans sa jeunesse, il s’en sortait encore grâce à sa ruse, et continuait de courir à l’avant de la meute à l’affût de la proie.
Mais par un froid hiver, la chasse devint maigre ; et pour la première fois, il vit de la haine et du mépris dans les yeux gris de la meute. Désormais, il n’inspirait plus de peur aux jeunes loups ; ces derniers savaient qu’il se faisait vieux. La meute entière avait patiemment attendu ce moment lorsqu’elle pourrait se retourner contre celui qui était autrefois leur puissant meneur.
C’est à ce moment-là qu’il se décida.
Attendant la nuit la plus profonde, le vieux loup se leva en silence et commença de s’éloigner furtivement, se distançant des loups affamés. Mais ils sentirent sa fuite et se mirent à le poursuivre, bien qu’ils n’étaient pas aussi avisés sur les voies de la forêt. Il se maintint en tête de la meute, se dirigeant vers une clairière où il savait que la hutte d’un vieux gitan se trouvait.
À une époque, ce gitan, aussi, avait été le meneur d’une meute. Et quelle puissante meute de gitans elle était ! Il avait emmené ses gitans sur de nombreuses pistes, il avait été sage et audacieux ; ses paroles avaient souvent sauvé la meute de la malchance.
Le temps vint, néanmoins, de la vieillesse affaiblissant sa force de meneur, il pouvait le sentir dans ses os : il n’était plus assez fort pour tenir les rênes.
Un jour, alors que le clan passait l’hiver dans un village et que les familles étaient dispersées dans des huttes, le vieux chef rassembla ce qui lui restait de forces et s’esquiva pour se construire une hutte dans la forêt. Et au printemps, lorsque le clan gitan se mit en route, le chef n’était pas avec eux ; il demeurait seul dans la forêt. Personne ne l’avait vu, il avait dû finir dévoré par les loups affamés ou disparaître sous un amas de neige.
Il tomba parfois sur des loups, cela est vrai. Néanmoins, il en ressortait plutôt indemne, la meute de loups ne l’attaquant pas : leur chef l’ayant interdit. Le vieil homme ne savait pourquoi.
Donc le gitan vivait seul au milieu des arbres immenses. Il n’avait peur de personne, et lorsqu’une nuit, il entendit le hurlement inquiétant d’un loup près de sa hutte, il alluma une torche et ouvrit la porte. Les yeux tachetés d’or du vieux loup se plantèrent sur lui, comme s’ils demandaient de l’aide. À la lisière des arbres, il pouvait voir la meute de loups prêts pour l’attaque. Mais alors qu’il agitait sa torche, les loups se retirèrent, s’estompant dans les ténèbres.
Et les deux compères, le gitan et le loup, se regardèrent affectueusement ; le gitan caressa la vieille fourrure sur sa tête alors qu’il se couchait humblement à ses pieds.
Conte russe gitan que j'ai traduit.
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LES DOUZE MOIS
Il était une fois une veuve qui avait une fille et une belle-fille. Helen, la plus jeune, était l’enfant issu de son premier mariage, tandis que Marouckla était l’enfant du premier mariage de son mari dés lors décédé. La veuve adorait Helen mais ne pouvait supporter Marouckla l’orpheline. Elle était beaucoup plus jolie que sa demi-sœur et de plus, elle n’en tirait aucune vanité. Marouckla ne comprenait pas pourquoi sa belle-mère était contrariée chaque fois que ses yeux se posaient sur elle.
Les taches les plus salissantes et les plus pénibles tombaient toujours sur Marouckla. Elle nettoyait toutes les chambres, faisait la cuisine, la lessive et la couture, filait, tissait, rentrait le foin, et la traite des vaches aussi lui échoyait. Et tout cela sans l’aide d’Helen. Et comment la cadette occupait son temps ? Elle ne faisait rien d’autre que d’essayer ses jolis vêtements et de regarder son reflet dans le miroir. Marouckla avait de bonnes raisons de se plaindre, mais elle ne le faisait jamais. Elle endurait les sarcasmes et la mauvaise humeur de sa belle-mère avec une patience qui ne faisait qu’ennuyer davantage la veuve. La vieille femme devint encore plus tyrannique et acariâtre, et pour empirer les choses, Marouckla devint, elle, de plus en plus jolie à mesure que la laideur d’Helen se confirmait.
La belle-mère en vint finalement à la conclusion que la seule chose à faire était de se débarrasser de Marouckla ; aussi longtemps qu’elle serait sous le même toit, Helen ne trouverait pas de prétendants. La veuve utilisa tous les moyens à sa disposition pour rendre la vie de la pauvre Marouckla aussi misérable que possible – la faim, l’abus, la négligence et les coups. Les hommes les plus durs n’auraient pu être plus cruels que la méchante vieille veuve. Mais, en dépit de toutes ces épreuves, Marouckla devint encore plus radieuse et aimable.
Un jour, au beau milieu de l’hiver, Helen décida qu’elle voulait des violettes. « Marouckla », dit-elle, « Je veux que tu ailles dans la forêt et cueilles des violettes. Je voudrais en décorer mes cheveux, car elles se marieront très bien avec les tons de ma nouvelle robe de bal. »
« Mais ma sœur » rit Marouckla « qui a jamais entendu parler de violettes fleurissant au cœur de l’hiver ? ».
« Oses-tu me désobéir ? Petite peste ! Misérable insolente !»
« Mais… »
« Marouckla » intervint la veuve « n’as tu pas entendu ta sœur ? Pas un mot de plus, maintenant et ouste ! Si tu ne rapportes pas des violettes de la forêt de la montagne, tu peux oublier le chemin qui ramène ici ! » A coups de pieds et de mains, elle chassa Marouckla hors de la maison, ne lui permettant même pas d’attraper sa cape. « Voilà » dit la veuve « et si tu reviens avec un panier vide, tu peux être sûre que je te tuerai moi-même »
La jeune fille, sanglotant, prit le chemin vers la montagne. La neige était profonde sans aucune empreinte de pied humain. Qui serait dehors par un temps pareil ? Longtemps, la jeune fille erra de ci de là, sachant qu’elle ne parviendrait jamais à trouver des violettes. Bientôt, elle se perdit. Elle était affamée, fatiguée et tremblait de froid. Allait-elle mourir ici, seule ?
Soudain, elle vit une lumière au loin. Pensant qu’elle devait provenir d’une chaumière de montagne, elle commença de grimper vers elle. Elle grimpa et grimpa jusqu’à ce qu’elle atteignit le sommet du pic. Sur le plus haut pic brûlait un grand feu, et autour trônaient sur douze blocs de pierre des figures en longues robes. De ces douze étranges figures, trois avaient les cheveux blancs, trois étaient d’âge moyen, trois étaient pleins de jeunesse et de beauté, et les autres étaient encore plus jeunes. « Qu’est-ce que cela peut bien signifier ? » murmura Marouckla.
Ils étaient tous assis, silencieux face au feu. Ils étaient les Douze Mois de l’Année. Le grand Setchéne, Janvier était assis plus haut que les autres ; ses cheveux et sa moustache étaient aussi blancs que neige, et dans sa main, il tenait une baguette. Marouckla était terriblement effrayée pour commencer, mais elle prit quelques profondes respirations et le courage lui revint. Elle s’approcha du feu et dit , « Mes bonnes gens, puis-je me réchauffer à votre feu ? Je suis gelée par le froid hivernal ».
Le grand Setchéne leva la tête et demanda, «Qu’est ce qui t’amène ici, mon enfant ? Quelle est cette chose que tu cherches ? »
« Je cherche des violettes » répondit la jeune fille, se sentant plutôt idiote.
Les sourcils de Setchéne se haussèrent sous la surprise. « Ce n’est pas la saison pour les violettes ! Regarde autour de toi, ne vois-tu pas la neige recouvrant le sol ? »
« Je sais », soupira Marouckla , « mais ma sœur Helen et ma belle-mère m’ont ordonné de ramener des violettes de la montagne. Sinon, elles me tueront .»
Le grand Setchéne étudia la jeune fille durant un moment de silence, et il se tourna vers Mars, le plus jeune de tous les mois, et pressa la baguette entre ses mains. « Frère Brezéne, prend le trône le plus haut .»
Brezéne obéit, et alors qu’il s’asseyait sur le trône, il agita la baguette au dessus du feu. Immédiatement, les flammes s’élevèrent vers le ciel, la neige commença de fondre et les bourgeons sur les arbres de se former ; l’herbe devint verte et entre les brins émergèrent de pâles primevères. C’était le printemps, et les prairies étaient bleues de violettes.
« Cueille- les vite, Marouckla ! » pressa Brezéne.
Gaiement, elle se hâta de cueillir les fleurs, et aussitôt son panier en fut plein à ras-bord. Elle remercia les Douze Mois, et courut jusqu’à la maison aussi vite que ses jambes le lui permettaient. Alors qu’elle se précipitait sur le seuil de la chaumière, sa belle-mère s’écria, « Marouckla ! Je t’avais dit de ne pas revenir à moins que …à moins…quoi ?! » Ses yeux s’agrandirent d’étonnement alors qu’elle découvrait les violettes.
« Où les as-tu trouvées, Marouckla ? » demanda Helen hargneuse.
« Sous les arbres sur le flanc de la montagne » dit Marouckla « Tu sembles surprise, chère sœur. Ne voulais-tu pas des violettes ? »
Helen saisit les fleurs et les emmena dans sa chambre, ne remerciant même pas Marouckla pour la peine qu’elle s’était donnée. Le jour suivant, elle vint au petit déjeuner avec un sourire perfide aux lèvres. « Marouckla », dit-elle d’un ton sirupeux, « apporte-moi des fraises de la forêt. N’oublie pas qu’elles doivent être sucrées et mûres ».
« Des fraises ? » s’exclama Marouckla. « Qui a jamais entendu parler de fraises mûrissant dans la neige ? »
« Tiens ta langue, petit ver de terre ! Comment oses-tu me parler ainsi ? Si tu ne m’apportes pas mes fraises, je te tuerai ! »
La belle-mère saisit Marouckla par les cheveux et la traîna vers la porte, la poussa au dehors et verrouilla la porte.
La jeune fille malheureuse reprit le chemin du retour vers le sommet de la montagne et le grand feu autour duquel étaient assis les Douze Mois. Le grand Setchéne occupait le trône le plus haut.
« Mes chers amis, » Marouckla sourit, « puis-je m’asseoir près de votre feu pour m’y réchauffer ? Le froid de l’hiver est pire qu’il ne l’était auparavant. »
Le grand Setchéne leva la tête, « Pourquoi es-tu ici, Marouckla ? Quelle est cette chose que tu cherches ? »
« Des fraises », répondit Marouckla, « ma sœur m’a envoyé cueillir des fraises. »
« Nous sommes au milieu de l’hiver », répondit Setchéne d’un hochement négatif de la tête, « et tu dois comprendre que les fraises ne poussent pas dans la neige. »
« Je sais, je sais », dit Marouckla. « Mais si je reviens sans fraises, ma sœur s’est jurée de me tuer. S’il vous plait, bonnes gens, dîtes-moi où je peux les trouver ! »
Le grand Setchéne se leva et traversa le cercle vers le mois qui lui était opposé. Il plaça la baguette dans ses mains et dit, « Sœur Tchervéne, veuilles prendre place sur le trône le plus haut. »
Juin obéit, et alors qu’elle agitait la baguette au dessus du feu, les flammes s’élevèrent vers le ciel. Instantanément, la neige fondit, la terre se recouvrit de vert, plantes et feuilles sur les arbres, et diverses fleurs faisaient leur apparition dans toute la forêt. C’était l’Été dans toute sa gloire. Sous les buissons, des lots de fleurs blanches en étoile se transformaient en fraises, sous les yeux émerveillés de Marouckla, elles couvrirent rapidement la clairière, la faisant ressembler à un tapis rouge.
« Cueille-les vite, Marouckla ! », dit Tchervéne.
Joyeusement, elle remercia les Douze Mois, et ayant rempli son tablier de fraises, courut à toute vitesse jusqu’à la maison. Helen et sa mère regardèrent les fraises qui emplissaient la chaumière de leur délicieux parfum.
« Où as-tu trouvé ça , Marouckla? » demanda Helen revêche.
« Tout en haut de la montagne, où tu m’as dit d’aller. Ne sont-elles pas à ton goût ? »
Helen en distribua quelques unes à sa mère, et engouffra le reste ; pas une seule elle n’offrit à sa demi-sœur. Le matin suivant, elle se mit à désirer des pommes, des pommes rouges et mûres.
« Cours, Marouckla, cours dans la forêt et rapporte-moi les pommes les plus fraîches que tu puisses trouver .»
« Des pommes en hiver ? Tu dois plaisanter ! Comment cela se pourrait-il alors que les arbres n’ont ni feuilles, ni fruits. »
« Imbécile, pars cette minute même ! », dit Helen. « Si tu ne me rapportes pas de pommes, nous te tuerons. »
De la même manière que les deux précédentes fois, la belle-mère saisit Marouckla brutalement et la jeta hors de la maison. La pauvre enfant fit le chemin sanglotant jusqu’à la montagne, à travers la neige profonde sur laquelle il n’y avait nulle empreinte humaine et arriva au feu autour duquel étaient assis les Douze Mois. Immobiles, ils se tenaient, et sur le trône le plus haut était le grand Setchéne. Ils l’avaient aidé auparavant, l’aideraient-ils encore ?
« Mes bonnes gens, puis-je me réchauffer près de votre feu ? », Marouckla demanda alors qu’elle s’approchait. « Les vents d’hiver me font tellement trembler. »
Le grand Setchéne leva la tête et regarda directement la jeune fille, « Pourquoi es-tu encore ici, mon enfant ? Quelle est cette chose que tu cherches ? »
« Je suis ici à la recherche de pommes rouges », répondit Marouckla.
« C’est l’hiver, ma fille, et non la saison des pommes rouges », observa le grand Setchéne avec un sourire.
« Je sais », répondit la jeune fille, « mais ma sœur et ma belle-mère m’ont envoyé cueillir des pommes rouges sur la montagne ; si je retourne sans elles, elles me tueront. »
Le grand Setchéne se leva et s’avança vers l’un des mois les plus vieux, auquel il tendit la baguette et dit, « Mon frère Zaré, prends le trône le plus haut. »
Septembre alla sur le trône le plus haut et agita la baguette au dessus du feu. Il y eut une irruption de flammes rouges, la neige disparut, mais les feuilles mortes qui tremblaient sur les arbres furent emportées par le vent du nord-est et dispersées en tapis doré sur le sol de la clairière. Seules quelques fleurs d’automne étaient visibles, comme l’inule et l’œillet rouge, et il y avait du safran des près dans le ravin, et de la bruyère sous les hêtres. Au commencement, Marouckla chercha en vain des pommes rouges. Enfin, elle repéra un arbre qui poussait en hauteur, et de ses branches pendaient les fruits rouges vif. « Vite, Marouckla, cueille les pommes! », lui empressa Zaré.
La jeune fille était enchantée et secoua l’arbre. D’abord, une pomme en tomba, et puis une autre.
« C’est assez, » dit Zaré, « hâte-toi vers la maison maintenant ».
Remerciant les mois, elle s’en retourna. Helen était sans voix et la veuve regardait les fruits, étonnée.
« Où les as-tu cueillies ? » demanda la belle-mère.
« Sur le sommet de la montagne. Il y en a beaucoup là-haut. »
« Alors pourquoi n’en as-tu pas ramené davantage ? » Helen vociféra. « Tu les as sûrement mangées sur le chemin du retour, vilaine fille ! »
« Oh, non ! Je ne les ai même pas goûtées ! » dit Marouckla.
« J’ai secoué l’arbre deux fois, et une seule pomme en est tombée chaque fois. Je n’étais pas autorisée à le secouer encore une fois, et on m’a dit de rentrer chez moi ! »
« Puisse Zeus te frapper de sa foudre ! » s’écria Helen, la frappant à plusieurs reprises.
Marouckla pria d’être morte plutôt que d’avoir à subir davantage de sévices. Pleurant amèrement, elle s’enfuit dans la cuisine. Helen et sa mère avaient chacune une pomme, et les trouvèrent plus délicieuses que toutes les pommes qu’elles avaient pu déguster auparavant.
« Ecoute, mère, » dit Helen, « apporte-moi ma cape. Je cueillerai plus de ces pommes moi-même. Elles sont trop bonnes pour être laissées dans la forêt ! Je peux trouver la montagne et l’arbre, et personne n’osera me dire d’arrêter de secouer cet arbre ! »
En dépit des inquiétudes de la mère, Helen se revêtit de sa cape, couvrit sa tête d’un chaud capuchon, et prit la route de la montagne. La mère se tenait sur le seuil et regardait sa fille disparaître dans la forêt.
La neige recouvrait tout, et pas une seule empreinte à la surface. Helen se perdit, et erra de ci, de là. Après un long moment, elle vit une lumière au dessus d’elle, et la suivant, atteignit le sommet de la montagne. Là était le grand feu, les douze trônes et les Douze Mois. Au début, elle était effrayée et hésitante, puis elle s’approcha et se réchauffa les mains. Elle ne demanda pas la permission, ni ne proféra un mot de politesse.
« Qu’est-ce qui t’amène ici, Helen ? » dit le grand Setchéne sévèrement. « Quelle est cette chose que tu cherches ? »
« Je ne suis pas obligée de te le dire, vieil homme. En quoi cela te concerne t-il ? » répondit-elle avec dédain, tournant le dos au feu et se dirigeant vers la forêt.
Le grand Setchéne fronça les sourcils, et agita sa baguette au dessus de sa tête. Instantanément, le ciel se couvrit de nuages, le feu faiblit, la neige tomba à gros flocons, et un vent glacial hurla autour de la montagne. Au milieu de la furie de la tempête, Helen maudit sa demie-sœur. Sa cape ne parvenait pas à réchauffer ses membres gelés, et elle se perdit parmi les tourbillons du blizzard.
La belle-mère continua de guetter le retour de sa fille. Elle regardait de la fenêtre et guettait sur le pas de la porte, mais la fille jamais ne reparut. Les heures passaient lentement, et la tempête empira, mais Helen ne revint pas.
« Se pourrait-il que les pommes l’aient enchantée loin de la maison ? Peut-être ma fille égoïste a t-elle décidé de se garder toutes les pommes pour elle seule ! » grommela la vieille femme. Puis, elle se revêtit de sa cape et capuchon et partit à la recherche de sa fille. « Lorsque j’attraperai celle-là, je vais la secouer pour la punir de me causer tant de tracas! » La neige tombait en énormes flocons ; elle recouvrait tout, un épais manteau vierge de toute trace. Pendant un long moment, la vieille femme erra de ci, de là, le vent glacial du nord-est sifflait dans les montagnes, mais aucune voix ne répondait à ses appels.
Jour après jour, Marouckla travaillait; mais ni sa belle-mère, ni sa demi-sœur ne revinrent, et elle pouvait seulement suspecter qu’elles étaient mortes de froid sur la montagne. L’héritage de la petite chaumière et d’une vache lui revinrent. Après un temps, un fermier honnête vint partager sa vie et ils vécurent heureux et paisibles.
Conte russe que j'ai traduit de l'anglais.
Posted at 16:44 in Journal *** Hiver 2007 | Permalink | Comments (1)
Il y a deux sortes de renards au Japon, les renards qui ne connaissent pas la magie, et... les autres. On trouve beaucoup d'histoires racontant comment une renarde s'etant amourachée d'un humain revêtit apparence humaine pour le séduire. Le cas inverse est aussi connu. Les femmes séduites par des renards deviennent sorcières et elles ont ici aussi subi l'oppression. Lorsque les femmes sont soupconnées d'avoir un fiancé animal, on les accuse de sorcellerie, ce qui traduit non seulement une ignorance des pratiques chamaniques qui consistent à s'allier à des esprits animaux (les esprits auxiliaires) mais aussi une peur qu'engendre le monde sauvage. Le renard incarne pour moi toute la beauté et l'etrangeté de ce monde sauvage. Et à ce propos, j'ai lu dernierement un livre que je serais prête à relire encore et encore, ce qui arrive assez rarement, The Fox Woman de Kij Johnson:
Comme beaucoup de livres tout aussi excellents, il n'a pas été traduit en francais. Il raconte l'histoire d'une renarde au sein de son clan qui s'eprend d'un homme pour lequel elle va être initiée à la magie par son grand père renard. Elle parvient à créer l'illusion d'une apparence humaine et d'un grand domaine trop beau pour être "vrai" où elle entraine son amant et le protège du monde des humains. On connait des fées qui ont usé des mêmes stratagèmes. Et ce que j'ai trouvé particulierement bien décrit, ce sont l'illusion et la réalité mises en parallèle, la renarde est seule à savoir que le palais est en fait une tanière sombre et humide, que les plats somptueux ne sont que des amas de vieux os, et les mois se suivent dans cette atmosphère des plus beaux fastes sans que l'homme réalise qu'il est en train de vivre comme une bête sauvage.
Fascinant et très poetique...
Le renard de Narnia.
Et un renard de Stephanie Pui Min Law:
Source Wikipedia : "Dans le folklore nippon, le renard (prononcer kitsounè), tanuki, tengu sont les différentes formes d'un esprit magique polymorphe, appelé en tant que groupe. Les noms qu'on leur donne sont souvent féminins, ce qui signifie que les kitsune sont perçues comme une notion féminine. Elles sont rusées, jouent des tours et sont douées de pouvoirs magiques.
N'importe quel renard est censé devenir capable de changer de formes quand il atteint un âge avancé (souvent une centaine d'années), et ses pouvoirs ne cessent de croître avec le temps et parallèlement de nouvelles queues lui poussent.
Les kitsune sont souvent associées avec la divinité du riz Inari (divinité japonaise). Au départ les kitsune étaient les messagères d'Inari, mais les deux notions ont été assimilées au fil du temps l'une à l'autre. On trouve des kitsune à l'entrée des sanctuaires d'Inari. Les Kitsune sont reliées tant au rites shintoïstes que bouddhistes.
Les kitsune sont censées être douées de pouvoirs magiques importants, comme la possession, la capacité de souffler du feu, ou d'ignition en frottant leurs queues les unes contre les autres. Elles pourraient aussi se manifester dans le monde onirique, créer des illusions, courber l'espace et le temps, ou rendre les gens fous.
Il y a plusieurs types d'esprits kitsune, tels que les kitsune spectrales (Les Bakemono Kitsune de trois types : Reiko, Kiko or Koryo), ou les kitsune célèstes (Tenko, les renard à neuf queues, agés de 1000 ans). Les kitsune sont selon leur type, de mauvais augure (comme Kuko, le renard aérien) ou de bon augure (comme Genko le renard noir)."
Posted at 16:41 in Journal *** Hiver 2007 | Permalink | Comments (0)
... Il voulut déraciner un chêne nain qui avait poussé sans vergogne au milieu du vieux chemin et qui lui arrivait à peine au genou. Il le replanterait quelque part, ses arrière-petits-enfants en auraient du bois pour leurs armoires de noces.
C’est alors qu’il aperçut à son pied une espèce d’étoile à cinq branches, de couleur rougeâtre, qu’il prit d’abord pour un champignon. Mais, s’étant accroupi pour observer de plus près, il reconnut que l’étoile portait un pistil en son centre et qu’elle était éclose dans une couronne de feuilles dorées, rondes et grasses. C’était une plante comme il n’en avait jamais vu de pareille ici ou ailleurs. Il passa deux doigts sous les feuilles, trouva la tige et n’eut pas besoin de tirer beaucoup pour faire sortir de terre des filaments blanchâtres qui servaient de racines. Jean Pierre Daoudal se dit qu’une telle plante ferait sûrement plaisir à son ami apothicaire qu’il avait en ville. Il prit son mouchoir qui était toujours propre. Au moment d’y envelopper sa trouvaille, il s’aperçut que l’étoile à cinq branches s’était refermée, que la plante toute entière n’était plus qu’une boule d’or. Curieuse plante en vérité. Il mit le tout dans la poche de son patelot et se pencha de nouveau pour déraciner le petit chêne. C’est alors qu’il eut sa première surprise : il n’y avait pas plus de petit chêne en terre que de poil dans le creux de sa main.
Le maître de Trémoré, je crois l’avoir fait comprendre, n’était pas homme à déglutir de l’étoupe, mais il fut impressionné par le phénomène. Pour s’assurer qu’il n’avait pas rêvé debout, il tira son mouchoir de sa poche et le déplia sur sa main. La plante-étoile y était bien, roulée en boule. Mais où donc était passé le petit chêne qu’il devait replanter pour ses arrière-petits-enfants ? Et s’il avait été trompé par sa vue, comment la plante-étoile avait-elle pu échapper à l’erreur ? Il se promit de montrer ses yeux au plus savant des hommes de l’art, même si cela devait lui coûter le prix d’un veau. Et il en vint à s’inquiéter ferme en pensant qu’il était en train de couver une de ces maladies devant lesquelles le meilleur médecin n’est plus qu’un charlatan dérisoire. Mais cela ne dura pas longtemps parce qu’il avait l’impression que tout était plus léger, plus pur autour de lui, que lui-même était maître de son corps mieux qu’il ne l’avait jamais été, que les petites infirmités de l’âge avaient disparu et qu’il pourrait faire joliment le tour du monde à pied sans se rompre les genoux ni se couper le souffle. Quand il jeta un regard autour de lui, il fut un peu étonné de voir que bien des choses avaient changé depuis qu’il s’était accroupi devant l’étoile à cinq branches. Mais quoi ! Chacun sait que le visage du monde se modifie sous le regard d’un homme tout neuf. Décidément, le maître de Trémoré avait rajeuni en un tournemain. Après tout, il y en a d’autres qui vieillissent d’un seul coup, n’est-ce pas ! Il reprit gaillardement sa route vers le bourg, mais il avait oublié pourquoi il y allait et c’est en vain qu’on lui aurait demandé le nom de la journée qu’il était en train de vivre.
A la sortie du vieux chemin, là où se trouvent les deux grosses pierres contre lesquelles on cogne les cercueils de Trémoré pour leur faire dire adieu à ce monde, Jean Pierre Daoudal fut terriblement tenté d’aller toucher l’une et l’autre de ses mains, ce qu’un vivant ne doit pas faire sous peine de mettre en péril son corps mortel. Si le maître de Trémoré l’avait fait, peut-être serait-il redevenu l’homme qu’il était au départ de son manoir, ce matin-là. Car vous avez compris qu’il était dans l’Autre Monde par la vertu de cette étrange plante qui avait fleuri dans le vieux chemin des Morts sous la forme d’une étoile à cinq branches au pied d’un petit chêne. Un petit chêne qui n’avait poussé là que pour attirer l’attention du passant (n’importe qui ou Jean Pierre Daoudal à l’exception de tout autre ?) sur la fleur éclose dans une couronne de feuilles dorées, rondes et grasses. Et Jean Pierre l’avait cueillie de ses mains et enveloppée dans son mouchoir sans se douter que c’était là son sésame pour l’envers du monde. De ce sésame, son ami l’apothicaire ne verra jamais la couleur. »
L’Herbe d’Or de Per Jakez Helias
Posted at 16:40 in Journal *** Hiver 2007 | Permalink | Comments (0)
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