Les photos d'aujourd'hui:
Voici un extrait que j'ai traduit et qui est tiré de "Daimonic Reality" de Patrick Harpur qui a beaucoup enquêté sur les apparitions de fées, les crops circles et même les "petits gris" . Pour Harpur, l'inconscient collectif et l'Autre Monde des païens ne forment qu'un. Et plus encore, non seulement cet Autre Monde / Inconscient Collectif est en nous, mais il est aussi physique. À priori, l'aspect physique de ces manifestations n'est pas evident, dû à l' élusivité de ces manifestations, et par consequent rien encore, à ce jour, ne peut reduire le scepticisme. Et pourtant... Harpur etablit que c'est la nature même de ces habitants de l'Autre Monde d'être élusifs, mercuriels, et enigmatiques. Toujours entre deux. Se manifestant juste assez pour brouiller les pistes, nous faire perdre notre sens de l'orientation, laissant une impression très vivide et réelle chez les personnes "visitées" mais sans aucune preuve. Certaines manifestations relevent presque du canular. Alors pourquoi ces apparitions qui viennent nous taquiner et laissent les chercheurs de preuves sur leur faim? Peut-être pour nous faire comprendre que leur existence ne peut être prouvée par nos vulgaires appareils photos, nos cameras, et nos télés. Rien ne peut capturer ces êtres-là, sinon les quelques traces qu'ils laissent ici et là, un crop circle, une ronde de fées, ou même encore un simple arc-en-ciel, car ils sement leurs signes à tout vent pour celui qui sait les voir, non pas à travers un "objectif" car l'objectivité est une illusion, mais à travers l'âme même de l'humain.
Extrait de RÉALITÉ PSYCHIQUE de Patrick Harpur
Plus que quiconque au 20 ieme siecle, Jung avait une vue du monde qui rendait les apparitions intelligibles. Il fit cette découverte empiriquement en examinant les rêves et les fantaisies de ses patients, ce qui le mena à révéler un niveau profond collectif de l’inconscient contenant des images archétypales vivant une vie objective indépendante. Naturellement, il rechercha un pendant historique à cette idée, et il la trouva, dans l’alchimie. Loin d’être seulement une forme primitive de chimie, elle s‘avera être un système de rituel complexe d’auto-initiation - une entière « science de l’âme » en fait. Nous pouvons imaginer son émotion lorsque, par exemple, il lut dans un texte alchimique que « l’âme est seulement partiellement confinée dans le corps, juste comme Dieu est seulement en partie enfermé dans le corps du monde ». Cela confirma sa propre conclusion que « la psyché est seulement en partie identique à notre être conscient empirique ; pour le reste, elle est projetée et à cet état, elle imagine ou représente ces choses que le corps ne peut saisir …». Ici, la nature objective de la psyché est fermement établie. Mais Jung s’attache à l’ intériorité fondamentale de la psyché, dont les manifestations extérieures ne sont seulement que des projections. Au moment de son magnum opus – Mysterium Conjonctionis- même cette conviction était ébranlée. « Cela pourrait bien être un préjudice » Jung médite « que de restreindre la psyché à l’intérieur du corps ». Dans la mesure où la psyché a un aspect non-spatial, il pourrait bien y avoir une psyché « en dehors du corps », une région si totalement différente de « ma » sphère psychique que l’on doit sortir de soi-même… pour s’y rendre. Jung a imaginé cette région comme étant un « pays étranger en dehors de l’ego » tel que celui auquel les hommes tribaux croyaient – un monde total, invisible mais présent dans celui-ci, qui était habité par à la fois les esprits des ancêtres et les esprits dont ce monde était le leur (et qui n’avaient jamais été incarnés). Il pouvait être aussi, bien sûr, ressenti comme un monde « psychique » « intérieur », comme un monde miniaturisé. En d’autre mots, Jung pense maintenant moins en termes de deux mondes, l’un intérieur et l’autre extérieur, et davantage en termes de deux aspects d’un même monde : un microcosme et un macrocosme. Il appela ce monde « réalité psychique ». Il est difficile pour nous de saisir la réalité psychique parce que notre vue du monde est tenacement dualiste depuis si longtemps. Le dualisme remporta du succès au début du 17 ième siecle avec le nouvel empirisme de Francis Bacon et la philosophie de René Descartes, qui divisa fermement le monde entre l’Esprit (sujet) et Extension (objet). Mais le fondement d’une telle division avait été posée des siècles auparavant, au Conseil de l’Eglise de 869, qui établit de manière dogmatique que l’homme était composé de deux parties, le corps et l’esprit. Le troisième composant – l’âme- était sous-jacente à l’esprit, et donc la distinction essentielle fut perdue. Car, c’est précisément à l’âme (grec : psyche, latin : anima) que la psyché se réfère : un monde intermédiaire entre le physique et le spirituel, participant des deux. (…) Les grandes autorités au sujet du monde intermédiaire de la réalité psychique furent les Néo-platonistes qui fleurirent de la moitié du 3 ième siècle jusqu’au milieu du 6 ieme. Selon le dialogue le plus mystique de Platon, le Timaeus, ils appelaient cette région intermédiaire l’Âme du Monde, largement connue en latin comme Anima Mundi. Tout comme l’âme humaine agissant en médiatrice entre l’esprit et le corps, ainsi le monde de l’Âme agissait en médiateur entre L’Unique (qui, comme Dieu, etait la source transcendante de toute chose) et le matériel, monde sensoriel. Les agents de cette médiation étaient appelés daimons (quelquefois épelés daemons) – qui, pour ainsi dire, peuplaient le Monde de l’âme et procuraient une connexion entre les dieux et les hommes. Le christianisme plus tard, injustement prononca ces daimons « démons ». Mais à l’origine, ils étaient simplement les êtres qui affluaient dans les mythes et le folklore, des nymphes grecques, satyres, faunes, dryades, etc.… aux elfes, gnomes, trolls, djinns, et autres. Les daimons étaient essentiels à la tradition philosophique Gnostique -Hermétique- Néoplatonicienne – qui était davantage plus proche de la psychologie (au sens Jungien) ou une discipline mystique que les exercices logiques que cette philosophie devint. Mais les daimons des mythes évoluaient en un genre plus adapté à ces philosophies, qu’ils soient anges, âmes, archons, trônes, ou pouvoirs – dont beaucoup, plus tard infiltrèrent le christianisme. Toujours flexibles, les daimons changeaient leur forme pour convenir à l’époque, devenant même des abstractions lorsque nécessaire (les hénades néoplatoniciennes par exemple) mais préférant si possible demeurer personnifiés. La collection de personnages archétypaux de Jung- ombre, anima/animus, Grande Mère, Vieux Sage- placa celui-ci fermement dans cette tradition. Jamais vraiment divins ni humains, les daimons firent irruption du Monde de l’Âme. Ils n’étaient ni spirituels, ni physiques, mais les deux. Non plus étaient-ils, comme Jung le découvrit, totalement intérieurs ou totalement extérieurs, mais les deux. Ils étaient des êtres paradoxaux, à la fois bons et mauvais, bienveillants et effrayants, guidant et prévenant, protégeant et rendant fous. (…) Dans les termes de Jung, les daimons étaient des images archétypales qui, dans le processus de l’individuation, nous conduisaient vers les archétypes (dieux) eux-mêmes. Ils n’avaient pas à délivrer des messages ; ils étaient les messages eux-mêmes. Les Grecs comprirent très tôt que les daimons pouvaient être psychologiques, au sens Jungien. Ils attribuèrent aux daimons « ces impulsions irrationnelles qui montent en un homme contre sa volonté pour le tenter – comme l’espoir ou la peur, par exemple. » Les daimons de la passion ou de la jalousie et de la haine nous possèdent encore, comme ils l’ont toujours fait, nous faisant nous indigner « je ne sais pas ce qui m’a pris. Je n’étais pas moi-même ». Mais alors que l’activité daimonique est plus remarquable dans les comportements obsessifs et irrationnels, elle est toujours calmement au travail derrière les scènes. Notre tâche est d’identifier le daimon derrière nos besoins et nos désirs les plus profonds, nos projets et idéologies pour lesquels, comme nous l’avons vu, ils ont toujours un intérêt religieux, allant et retournant au divin, le fond archétypal de l’être. La chose que nous ne devons pas faire est de les ignorer parce que comme Plutarque a mis en garde, celui qui nie les daimons brise la chaîne qui unit le monde à Dieu.
Patrick Harpur « Daimonic Reality »
Kundry - 30 mars 2007
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